Une violette en octobre ? Ça n’existe pas, me direz-vous ! Pourtant, nous l’avons vue. Près de Die, à Sainte-Croix. Le week-end des 8-9 octobre. Nous étions vingt-trois, parfois un peu moins, certains d’entre nous s’égaraient… L’écrivain Fabienne Swialty nous l’a fait découvrir. Simplement. En nous lisant des extraits de son œuvre. Violette Leduc n’était pas douce. Elle était en colère, blessée de ses origines, des conditions de sa naissance. Mais quelle langue féroce ! Impitoyable. Ironique. Cruelle. Une perceuse à percussion qui s’enfonçait dans les conventions, les conformismes, les visages. Violette Leduc n’était pas douce. Quand elle aimait, c’était de façon ravageuse, excessive, envahissante. Qu’il s’agisse d’amour humain ou d’admiration littéraire. Elle a rencontré les grands de son époque, ils ont reconnu son talent. Ce qu’elle écrit de ses approches de Jean Genet et Simone de Beauvoir est empli de ce radicalisme entre admiration et rage d’être.
Dans des paysages sublimes, sous la pluie et le soleil, Fabienne Swialty qui pratique Violette Leduc depuis longtemps nous a fait aimer ce personnage paradoxal, d’une liberté qui pourrait presque sembler effrayante. Il fallait ce paysage du Diois aux angles aigus, nappé d’une lumière d’automne, pour ces lectures sous les arbres, au bord des rivières, sous une serre, une tonnelle de roses.
Le soir, à la veillée, dans ce magnifique bâtiment monastique de Sainte-Croix, Fabienne nous a donné le deuxième chapitre de son dernier roman, Unité de vie. Un livre fort. De femme. Où exil et vieillesse font maison mitoyenne. Comme rage, amour et admiration chez Violette Leduc.
Gilles Bertin (Texte et photos)
Unité de vie, Fabienne Swiatly, éd. La fosse aux ours
À lire de Violette Leduc en poche et dans différentes éditions, La bâtarde, La folie en tête, L’asphyxie, Thérèse et Isabelle, Ravages, Correspondance.