Prince d’orchestre Metin Arditi éd.Actes Sud.
J’ai beaucoup aimé ce roman. Alexis est à la fois odieux et fragile, bien que détestable il nous touche, on s’attache et on a vraiment envie qu’il s’en sorte! Claude D
« Quelles passions nous amènent à détruire ce que nous avons tant peiné à construire ? Qu’est-ce qui nous pousse à gâcher, d’un mot, un geste ou un regard, une amitié, un acquis professionnel, une réputation ? C’est ce que j’ai essayé de comprendre en écrivant l’histoire d’Alexis Kandilis, l’un des plus brillants chefs d’orchestre de sa génération. Au début du récit, il a tout. Il est, vraiment, prince d’orchestre. À la fin, il n’a plus rien. Pourquoi ? D’où lui est venue tant de violence destructrice ?
De là où chacun de nous porte quelques bombes non encore désamorcées, sans doute. De l’enfance. De l’ingérable enfance, lorsque ses cicatrices lâchent. On les a enrobées avec tant de soin que, du coup, on ne voit pas même les fils se défaire. Soudain c’est l’hémorragie, le sang est partout, et la douleur insupportable.
Mais il est trop tard.
Fini la gloire du chef qui plastronne au pupitre des plus grands ensembles symphoniques de la planète. Fini les cachets pharaoniques, les bravos si longs qu’ils en deviennent agaçants. Puis une nouvelle vie commence, faite de tendresse infinie, de quatre bras doux dans lesquels Alexis Kandilis se fond, de retrouvailles avec la vraie musique, et d’un regard lucide sur la vie passée. Mais l’enfance est là, qui guette, ne lâche pas, et rappelle sans cesse, en créancier implacable : “Nos comptes ne sont pas soldés.” » Metin Arditi
Certaines n’avaient jamais vu la mer Julie Otsuka éd.Phébus
En 1919, un bateau quitte le Japon avec à son bord plusieurs dizaines de jeunes femmes « promises » à des compatriotes travaillant aux États-Unis, des hommes qu’elles ne connaissent pas, dont elles n’ont vu que la photo.
Elles racontent leurs misérables vies d’exilées, leurs nuits de noces souvent brutales, leurs journées de travail harassantes dans les champs, l’apprentissage difficile d’une langue inconnue, la naissance de leurs enfants, la xénophobie et l’humiliation …
Ce n’est pas un roman très gai, mais il nous saisit dès la première phrase en nous faisant découvrir un épisode méconnu (pour moi) de l’histoire américaine. Claude D
Et puis, Paulette Barbara Constantine éd.Calmann-Lévy
Comment la ferme de Ferdinand se transforma en auberge espagnole intergénérationnelle… ou… comment, Ferdinand, veuf de 70 ans, seul et plutôt acariâtre, va malgré lui, permettre à des destins de se croiser et de vivre ensemble, sous le même toit?
Sous le même toit, où peu à peu, au sein de la communauté on va
s’apprivoiser, se connaître, s’entraider, assurer le quotidien selon ses qualités et s’aimer.
Petit roman sympa et plein d’espoir ! Claude D
L’éclipse d’un ange
Un récit illustré sur les psychoses débutantes. Un chouette projet artistique… Maxi
Bande annonce : http://youtu.be/m-1R7dcbNU4
« Ce récit mis en images, « L’éclipse d’un ange », est une fiction basée sur des faits réels qui raconte et met en scène la trajectoire et les vécus d’un jeune homme en proie à la psychose, une projection réaliste de l’expérience de nos jeunes patients, vue de l’intérieur. Elu en 2011 et en 2012 dans le cadre du financement « Culture à l’hôpital» du dispositif « Eclats d’art — Réseau des projets artistiques et culturels des unités de soin du Centre Hospitalier Le Vinatier », le projet est accompagné au plan logistique et administratif par la Ferme du Vinatier. (…) Deux partenaires artistiques et culturels sont associés à ce projet , les associations lyonnaise l’Art… et toi ? et Les Artambules.
Cette création est l’œuvre commune des patients de l’hôpital de jour de Décines et de leurs soignants avec Ars, Amandine, Aurélie, Céline, Eric, Franck, Isa, Julien, Mat, Mick, Ruth, Nat et Sylvain, accompagnés par Pierrette Estingoy (psychiatre), Alain Cochet (psychologue), Christophe Clero (infirmier) et Aurore Bevalot (stagiaire psychologue). Diaporama réalisé par Pierrette Estingoy. Musique et sonorisation Eric Dartel. Avec la complicité de Thomas Gervais (artiste dessinateur) qui a encadré les séances graphiques. »
La belle amour humaine Lionel Trouillot éd. Actes Sud
A bord de la voiture de Thomas, son guide, une jeune occidentale, Anaïse, se dirige vers un petit village côtier d’Haïti où elle espère éclaircir l’énigme de la disparition de son grand-père. Le caractère particulier de ce voyage encourage bientôt Thomas à prévenir la jeune femme qu’il lui faudra très probablement renoncer à une telle enquête pour mieux connaître la culture de ce pays où les lois sont amicales et flexibles, les morts joyeux. Il l’invitera à se poser la question fondamentale “Quel usage faut-il faire de sa présence au monde ?” et à découvrir « la belle amour humaine ».
C’est un très beau roman, à l’écriture originale et foisonnante, qui nous amène à repenser notre conception de la vie. Marie-Noëlle
Philosophie de la marche Frédéric Gros éd. Carnets nord
La marche est une activité qui a ses adeptes. Mais elle est aussi un acte philosophique et une expérience spirituelle. Allant du vagabondage au pèlerinage, de l’errance au parcours initiatique, l’auteur puise sa réflexion dans l’expérience d’écrivains, de philosophes, d’hommes religieux, pour qui la marche a joué un rôle essentiel dans leur création ou leur pensée.
Frédéric est philosophe et enseigne la philosophie à Paris. Marie-Noëlle
Nouvelles orientales et désorientées Ook Chung éd. Le Serpent à Plumes
Ook Chung est un écrivain québécois, né au Japon, de parents coréens, en 1963. Il a obtenu un doctorat en littérature française à l’Université McGyll.
On retrouve des traces de cette vie peu ordinaire dans ce recueil de nouvelles surprenantes. On passe du drame intime à la science-fiction, on perd pied, on plonge dans les sous-sols de la ville, on croise d’étranges compagnons dans les labyrinthes. Un univers urbain aux développements inattendus. Hélène
La nuit tombée Antoine Choplin éd. La fosse aux ours
24 heures aux limites de la zone interdite de Tchernobyl. Gouri, un des volontaires des premières heures après la catastrophe, maintenant poète et écrivain public à Kiev, s’arrête avec sa moto et sa remorque brinquebalante, chez un ancien collègue, un survivant précaire, gravement irradié. Yakov raconte : les amis perdus, son corps qui l’abandonne, les arbres rouges dans la forêt, les pelles qui enterrent la terre… Il parle et Gouri écrit… Ils partagent un repas largement arrosé de vodka, dont un des convives accompagne Gouri dans son expédition de nuit en zone interdite : il s’agit d’aller dans son ancien appartement récupérer une porte où sont gravés des mots, souvenirs de sa fille, très malade elle aussi. L’expédition, risquée, réussit et au retour Gouri s’arrête de nouveau chez son ami qui lui a demandé de l’aider à écrire, avant de mourir, une lettre à sa femme où il lui dit qu’il l’aime…
Un récit bref, intense et poignant, mené avec la concision du style de Choplin, qui nous laisse sans voix. Marie-Madeleine
Ils désertent Arthème éd.Fayard
Il existe des romans sur le monde du travail d’aujourd’hui qui ne sont pas entièrement noirs et où les horizons ne sont pas totalement clos. C’est le cas de ce livre qui met en scène un vieux vendeur en papiers peints aux méthodes éprouvées et sa jeune directrice commerciale qui s’installe à tâtons dans une banlieue improbable. « L’ancêtre » qui passe le plus clair de son temps sur les routes et à l’hôtel, pendant que sa femme est « partie en goguette » a su se ménager des espaces de rêveries et d’émotion dans une temporalité qu’il domine. La jeune femme qui a pour mission de se débarrasser de lui sans comprendre vraiment pourquoi, sait fait preuve d’humour face à l’absurdité de sa condition. L’ancêtre est inspiré par la figure de Rimbaud négociant ; la jeune femme par les Îles du Cap Vert. Peu à peu insensiblement ils désertent, car comme le pompiste que le VRP croise au cinquième chapitre vous comprenez qu’ils ont en eux cette « Île déserte » qui leur permet de continuer à vivre debout. Patrick